[Concert – Critique] London Symphony Orchestra / Sir Colin Davis – Missa Solemnis de Beethoven – Salle Pleyel

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Samedi 17 septembre, à la Salle Pleyel, le London Symphony Orchestra assurait une représentation magistrale de la Missa Solemnis de Beethoven, œuvre exigeante et monumentale, avec à sa tête, le légendaire Sir Colin Davis (photo), un chef toujours capable de produire une direction emportée, malgré ses 84 ans. Le London Symphony Chorus a été époustouflant !

20h. Pendant que certains se préparent à passer une soirée dans les bars les plus en vogue de Paris, ou s’apprêtent à arpenter les dance-floors, d’autres sont sur le point d’assister à un concert du London Symphony Orcherstra, un des plus grands et des plus reconnus au monde. A la tête de l’orchestre : Sir Colin Davis,  un chef historique, dont la renommée et le talent sont solidement posés depuis plusieurs décennies. L’orchestre interprètera la Missa Solemnis de Beethoven, une oeuvre monumentale,  qui vit à l’ombre de l’hymne à la joie de sa neuvième symphonie, auprès du grand public. Les connaisseurs, eux, savent savourer ce bijoux du répertoire classique… Que faut-il de plus pour créer un événement chez les amateurs de musique classique, un “A ne pas rater” ?

London Symphony Chorus

Après l’annonce habituelle “Bienvenue Salle Pleyel…”, l’orchestre entre, le London Symphony Chorus s’installe et Sir Colin Davis accompagne les quatre solistes. Le concert peut commencer : près d’une heure trente de beauté musicale.

Le jour où une messe solennelle composée par moi sera exécutée durant les cérémonies de consécration de Votre Altesse Impériale, ce jour comptera pour moi parmi les jours les plus glorieux de ma vie, et Dieu m’assistera afin que mes pauvres talents puissent contribuer à la gloire de ce jour.

Ludwig van Beethoven

Voici l’origine de cette messe. Elle s’adresse à l’archiduc Rodolphe, bientôt cardinal, frère de l’empereur François 1er d’Autriche. Mais il est évident que cette messe dépasse le simple cadre officiel, elle transcende l’aspect personnel pour embrasser une dimension mystique et spirituelle à l’échelle humaine. La Missa Solemnis paraîtra avant la Neuvième Symphonie. Elle est radicalement différente, bien plus sérieuse et solennelle et est construite comme une messe classique : Kyrie / Gloria / Credo / Sanctus-Benedictus et Agnus Dei.

Mis à part une toute petite erreur du basson au milieu du Gloria et une autre, tout aussi petite, de l’organiste, à la fin du Credo, nous assistons à une œuvre emportée, que Sir Colin Davis mène à une unité et une cohésion réussie: l’esprit de la messe est indéniablement atteint.

Gordan Nikolitch - 1erViolon du LSO, violon soliste.

Gordan Nikolitch, le 1er violon, est absolument parfait, livrant une partition soliste pendant le Sanctus-Benedictus à la hauteur des plus grands: d’une subtilité et d’une douceur émouvante, à l’opposé de sa prestation emportée et virevoltante lors autres pièces de la messe. (J’ai failli m’autoriser à penser au violon de Heifetz, c’est pour dire…Mais n’allons pas jusque là…)
Le Gloria est absolument époustouflant! Le London Symphony Chorus y démontre tout son talent! Comme dans le Sanctus-Benedictus, où il amène une subtilité et une sensibilité extrèmes… Le London Symphony Chrous a vraiment été l’élément le plus remarquable de la soirée…

Les quatre solistes sont parvenus à se fondre dans l’unité désirée par Beethoven, afin de donner à l’ensemble une cohésion toute spirituelle. Helena Juntunen, en soprano, a bien du mal, parfois, à ne pas se mettre trop en avant cependant… Sarah Connelly, l’alto (mezzo-soprano) est digne et livre une interprétation sérieuse. Le basse Matthew Rose, après une discrétion relative pendant toute l’œuvre, apporte une gravité et un ton solennel réussis au début de l’Agnus Dei, qui s’envolera vers des notes positives et optimistes, pour terminer cette messe…

Sarah Connelly / Mezzo-Soprano

Enfin, que dire de Sir Colin Davis, qui dirige ses musiciens avec une main admirable? Il a presque 84 ans, doit s’assoir pour diriger son orchestre, n’a plus la fougue et la puissance de ses plus belles années, mais sa sagesse et son expérience apportent à cette Missa Solemnis un ton résolument émouvant et résonnable.

Le London Symphony Orchestra (LSO) est un orchestre dynamique : ses productions de disques sont fréquentes, avec un label qui lui est propre ; il est le premier orchestre à ouvrir une chaîne YouTube : YouTube SymphonyOrchestra.

Les apparitions combinées du LSO et de Sir Colin Davis sont toujours attendues avec fébrilité…

Rick Panegy

Voir aussi l’avis de Le Klariscope.

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