[Livre – Critique] Terry Pratchett – " les Annales du Disque-Monde " : De l’heroic-fantasy, de l’humour et du talent

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Ci-dessus : 1983 – le premier opus (La 8ème couleur) et 2011 – le dernier opus (Snuff)

Terry Pratchett publie, en 1983, avec La huitième couleur, le premier roman d’une TRÈS longue série d’aventures extraordinaires sur le “Disque-Monde”, où êtres merveilleux, sorcières, mages et Dieux côtoient dragons, brigands, et territoires improbables et emportent le lecteur dans l’univers jubilatoire et épique de l’écrivain britannique…

Suivront une trentaine d’autres romans, des recueils, des cartes, des vadémécums dans lesquels le monde merveilleux créé par l’auteur se construit peu à peu… Bientôt devrait paraître un nouvel opus un opus traduit en français : le dernier tome, Snuff, venant de sortir en Angletterre,, le 13 octobre 2011, De nombreux fans, à travers le monde, attendent avec impatience la traduction…

Un régal !

Terry Pratchett est désormais “Sir”. Depuis 2009. Il lui aura fallu produire une œuvre dense et riche, admirée par des millions de lecteurs à travers le monde, pour mériter cette distinction. Les Annales du Disque-Monde ont séduit le monde entier en l’espace de 30 ans et l’univers de Pratchett est tel qu’il est un des auteurs contemporains suscitant la plus grande ferveur, notamment auprès d’un public geek et féru de fantastique. Ses Annales du disque-Monde ont été adaptées, partiellement, en jeux vidéos ou à la télévision. Chaque parution de ses romans est très attendue : un prochain tome, déjà paru le 13 octobre en Angleterre et attendu en français dans l’année,  va permettre aux lecteurs assidus de savourer une nouvelle aventure avant que le maître de l’heroic-fantasy humoristique ne s’éteigne, ou ne soit plus capable de produire ses merveilleuses folies. Le romancier, âgé  63 ans, est atteint de la maladie d’Alzheimer – il participe d’ailleurs activement, et financièrement, à la recherche contre cette maladie. Cette année, il a annoncé vouloir mettre en place un programme de “suicide assisté”, qu’il est sur le point de signer, avec une entreprise suisse. La nouvelle serait sans aucun doute l’opus le moins drôle de l’œuvre du Britannique.

Terry Pratchett

Imaginer. Rire. Se moquer. Poser un regard sur notre société. Terry Pratchett réussit le tour de force de faire tout cela, se laissant aborder à plusieurs degrés de lecture. A travers l’histoire farfelue d’un monde invraisemblable et les aventures de ses habitants, couards, peureux, maladroits, crétins ou cruels, l’auteur dépeint aussi une société, sorte d’alter-ego à la notre, plus loufoque certes, mais animée par autant de vices et d’imperfections. C’est l’occasion pour Pratchett, en substance, de traiter de thèmes tout aussi divers que profonds, derrière l’apparence légère du genre littéraire choisi. L’humour aussi, omniprésent, est l’élément salvateur de cette saga, sans lequel ce disque-monde ne serait que pathétique. Cet humour qui laisse croire que Pratchett n’a pas qu’un regard désabusé sur les fausses-notes de notre société.  Décrire le monde dans lequel évolue cette galerie de personnages serait périlleux : L’auteur lui-même ne cessent de le tout au long de sa quarantaine d’ouvrages!  Sachons seulement que  le lieu  où se déroulent ces aventures n’est pas un monde, c’est un Disque-Monde… Un monde plat, posé sur le dos de quatre éléphants, géants évidemment. Lesquels évoluent normalement sur le dos d’une tortue non moins géante, nommée A’Tuin, qui “vole” dans l’univers… Voilà qui peut suffire à imaginer à quel point le lecteur entre dans une création burlesque, où tout est excessif, farfelu et saugrenu.

L’écriture de Pratchett est délicieuse: légère mais subtile, mêlant descriptions vivantes et mystérieuses des paysages et des décors avec récits de scènes d’action très réalistes et accrocheurs. Pratchett fait vivre ses personnages, les abandonnant pendant un ou deux romans, le temps d’en développer d’autres”, les retrouvant au détour d’une scène d’un autre roman, refaisant de l’un d’eux le héros passager d’un nouveau tome. Il n’y a pas de héros chez Pratchett : les “annales” regorgent d’individus tous plus ou moins bancals et grotesques, qui se croisent et se recroisent aux quatre coins du Disque-Monde… Sans se détourner de la fonction première de la série, qui se veut drôle et divertissante, Pratchett délivre un regard critique sur les failles de notre société: la religion, le pouvoir, la violence, la quête de célébrité, la différence et la xénophobie, la place des femmes…

Résolument moins sérieux et dramatique que J.R.R. Tolkien ;  moins mièvre, plus authentique et plus talentueux que J.K. Rowling ; moins moralisateur et bien-pensant que C.S. Lewis et mieux écrit que G.R.R. Martin, Terry Pratchett appartient à la catégorie des auteurs phares, créateurs d’un unique concept littéraire, que le temps n’aura eu de cesse d’ériger en référence.

6 octobre 2011  Addendum :
Récemment, Pratchett a déclaré vouloir récupérer  les droits de son œuvre, notament pour maîtriser toute adaptation cinéma ou TV. Voir l’article sur le site ActuaLitté.com

Cliquez ici pour voir la bibliographie des “Annales du Disque-Monde”

Rick Panegy


Bande-annonce de l’adaptation TV de La huitième couleur avec Sean Astin, l’immense Tim Curry, le non moins immense Jeremy Irons et l’encore plus immense Christopher Walken…

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