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Petit retour sur notre soirée à la Salle Pleyel hier, mardi 7 février… Il neige, il fait froid, les trains peinent à respecter leurs horaires. La salle Pleyel reste inflexible: à 20h, le concert commence, et tant pis pour les retardataires, ils resteront dans l’arrière salle à voir la première partie en retransmission vidéo… Par chance, nous arrivons à l’heure in extremis… Ce coup-ci, c’est le deuxième balcon qui nous attend. Pour la symphonie N°5 de Prokofiev, cela ne pose pas de problème mais pour le concerto pour piano N°2 de Bartok, être à l’orchestre aurait été plus appréciable… Ceci dit, cela nous évite de voir de trop près le mégalo Lang Lang et ses groupies des premiers rangs… En outre, cela permet à ses notes mécaniques de se disperser parmi les habiles accords du New York Philharmonic, parfait ce soir là : aussi à l’aise avec l’œuvre contemporaine de Lindberg (Feria – 1997) que l’exigeant concerto pour piano N°2 de Bartok ou la divertissante et variée symphonie N°5 de Prokofiev.
Alan Gilbert, nouvelle figure à la tête du New York Philharmonic, et pendant longtemps chef principal de l’orchestre philharmonique Royal de Stockholm, dirige avec énergie et volonté, sans pour autant déborder de passion, comme son homologue Gustavo Dudamel, et avec rigueur et fermeté, sans atteindre l’extrémisme de Sir Colin Davis, par exemple.
La première partie du concert est difficile d’accès: une œuvre contemporaine pour commencer, avec Feria de Magnus Lindberg: pendant 17 minutes, l’orchestre peine à rendre sympathique cette composition qui n’a de “feria” que le titre: les fêtes de rue espagnoles ont ici l’air bien lugubres ou inquiétantes. Seul le passage central, un peu plus mélodique, semble apporter un brin d’humanité à cette composition très pesante…
Par chance, cela ne dure qu’un bon quart d’heure… Avant l’entracte, on attend Lang Lang. Ce dernier, qui n’en finit pas de laisser sa modestie au placard, s’adonne aux plaisirs du vedettariat : il savoure les applaudissements démesurés qui l’accueillent et ne sait que trop bien qu’il récoltera, quoi qu’il fasse, une ovation à la fin de l’œuvre… Nul besoin d’être prophète pour le deviner: c’est en effet de longs et appuyés applaudissements qui éclatent dès la dernière note du concerto pour piano N°2 de Bartok achevée. Alan Gilbert et Lang Lang, qui semblent s’apprécier, s’inclinent, saluent, sortent et rentrent, pendant que les musiciens attendent la fin du show de la star illégitime du piano (qu’ils ont dû voir maintes fois). Le public, lui, est aux anges: il donne l’impression de ne jamais avoir écouté Argerich par exemple, ou Rubinstein, Horowitz, Kempf ou même Gould… Il doit davantage se gaver des multiples CD de Lang Lang, voir même de ceux d’Hélène Grimaud… Sévère ? Probablement un peu trop mais comment apprécier ce piano mécanique et appuyé de cet artiste qui favorise davantage le show et la mise en scène de son propre (soi-disant) talent au détriment d’une réelle émotion et d’une sensibilité vraie…
Certes, le jeune musicien est doué: il est capable de jouer toutes les partitions les plus compliquées et les plus exigeantes. Le concerto pour piano N°2 de Bartok, comme toute l’œuvre du musicien hongrois (1881 – 1945), est d’une rare complexité et d’une extrême rigueur… Le pianiste virtuose chinois sait choisir ce qui le rendra encore plus merveilleux auprès d’un public déjà naïvement épaté par sa technique…
Le concerto en lui-même est difficile d’accès, d’essence presque géométrique. Le premier mouvement, où seuls les vents et quelques percussions s’expriment, laissent surtout le piano exalter de vertigineux enchainements. L’entame lente et inquiétante du second mouvement contraste avec l’énergie virevoltante du premier mouvement. Le piano seul, avec la timbale en fond sonore, plonge presque le spectateur dans une hypnose que la fin du mouvement viendra bouleverser avec l’arrivée de quelques cordes timides (en pizzicati) et l’accélération du tempo. Le dernier mouvement, allegro molto, alterne fougue du piano et réponses vives de tout l’orchestre. Une dernière phrase des trompettes annonce la fin, rapide, presque étonnamment joyeuse et sautillante…
Lang Lang est ovationné, encore… Mais c’est probablement Bela Bartok que le public applaudit, pour avoir composé une œuvre si dense, où le pianiste a probablement plus de notes à jouer que dans l’œuvre entière d’Erik Satie. Pour satisfaire les groupies, Lang Lang offre en “bis“, la Romance de Liszt.
Entracte (une cigarette à moins 7°C, on aurait mieux fait d’aller boire une coupe de champagne au “Bar Noir” dans le hall ou au “Bar Blanc” du foyer)
Lang Lang est parti, Bartok et sa rigueur presque mathématique aussi, Lindberg est oublié. Nous sommes prêt à écouter quelque chose de plus divertissant, plus accessible, plus évident: la symphonie N°5 du fantasque Prokofiev, aussi touffue et variée que l’œuvre de son compositeur ! Des passages lyriques, d’autres aux allures de comédie musicale, d’autres encore aux accents “musique de film” (Prokofiev a composé plusieurs fois pour le septième art, Ivan le Terrible ou La dame de pique par exemple) et certains passages sont aussi graves que d’autres effrayants ou grandioses, ou encore entrainants…
C’est une longue introduction à la flûte qui entame le premier mouvement: assez envoutant et spiralaire, il se termine par une orchestration puissante (cuivres et percussions), assez abruptement. Le second mouvement répète inlassablement le même thème. Là encore, la comédie musicale ou la musique de film n’est pas loin, on y mêle aussi un zeste d’esprit militaire et la sensation de tourbillon de phrases musicales entrainantes et sautillantes apparait : il s’en faut peu pour que l’air de ce second mouvement trotte dans la tête durant les heures qui suivent son écoute (il y a un peu de Paul Dukas ici). Le troisième mouvement flirte du côté de la musique de film toujours: on se croirait dans un polar ou un thriller haletant par moment, avec montées tragiques et suspense et, juste après, de grands passages romantiques et lyriques qui achèvent cet adagio dans un long soupir sensible… Le dernier mouvement, assez sombre et introspectif dans sa première moitié, s’enflamme dans un final tourbillonnant, où alternent percussions (qui martèlent imperturbablement un rythme implacable) et flutes dans des contre-temps qui entraînent inexorablement vers une fin très jubilatoire. Un Prokofiev moderne, en cela qu’il propose une musique très imagée et très proche des airs que la musique de cinéma peut proposer aujourd’hui. Une musique variée et cyclique, viscéralement humaine et sensible, abordant chaque sensation et chaque état d’esprit possible…
Alan Gilbert salue, on est ravi de terminer le concert sur une note plus musicale que showbiz spirit. Alan Gilbert nous offrira deux bis dont un Berlioz bien sympathique !
Rick Panegy
Another 2nd movement that I have loved since being a tengaeer is Schubert’s Trio in E-flat, Op. 100. Of course, I will have to admit that one of the versions that I love the most is the version that is used in the closing credits of The Hunger. In this version, it seems as if it is played at a slower pace and arranged such that it is stripped of almost all ornamentation. I know that other versions have more musical merit’ but that dark, romantic version really gets to me. Basically it sounds like exactly what it is which is the closing credits to an overly-stylish vampire movie in the ’80s. I have listened to many versions of that trio, and many are wonderful, but for some reason I always come back to that gothy version from The Hunger.