[Film – Critique] Chronicle de Josh Trank: Jubilatoire et efficace

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Chronicle, le premier long métrage du jeune réalisateur Josh Trank, ré-utilise avec efficacité le concept de la caméra embarquée pour revisiter intelligemment le film de super-héros bourré de références. De l’innocence à l’apocalypse, du drôle au terrifiant, Josh Trank pourrait bien avoir réalisé le teen-movie culte de sa génération.

Andrew (Dane DeHaan), jeune ado solitaire et asocial de Seattle, décide de se procurer une caméra pour filmer tous les moments de sa vie. Un soir, en compagnie de son cousin Matt (Alex Russell) et l’ado le plus populaire de son lycée, Steve (Michael B. Jordan vu dans Friday Night Lights), il va faire la découverte d’un objet mystérieux sous terre. Très vite, les trois ados vont se rendre compte qu’ils possèdent un puissant pouvoir de télékinésie.

On pourrait tourner de l’œil à l’idée d’un énième film en caméra embarquée basé sur le concept du found footage (Le projet Blair Witch, [●REC], Cloverfield ou dernièrement Apollo 18), mais Josh Trank s’affranchit parfaitement des contraintes du genre avec une idée simple, mais originale. Andrew, qui développe son pouvoir de télékinésie au fur à mesure du film, ne va plus tenir sa caméra à l’épaule mais la suspendre dans les airs pour se filmer. L’image remuante du début laisse ainsi place à de solides travellings aériens qui feraient presque oublier le concept de caméra embarquée si les personnages, conscients de la présence de l’appareil, ne nous rappelaient pas à l’ordre de temps à autres. Lorsque Andrew n’est pas disponible pour filmer, ce sont les autres caméras (omni-présentes) de son entourage qui prennent le relais (caméras de surveillance, blogueuse ou smartphones).

Max Landis (le fils de John Landis) a su construire un scénario simple et bourré de références geek. Non sans rappeler la série télévisée britannique Misfits, cette histoire de super-pouvoirs pour adolescents perdus oscille entre scènes d’apprentissage drôles, où les trois ados se payent de franches parties de rigolades casse-gueules et jubilatoires (Jackass option voler dans les airs), et scènes plus sombres, voir angoissantes, lorsque l’un d’entre eux va se laisser gagner par une rage incontrôlable. Il fallait bien un super-vilain pour ce film de supers-héros. Dans Chronicle, la genèse du méchant est aussi intelligemment traitée que dans X-Men (2000) et sa naissance de Magneto. Le personnage principal, envahit par la haine (tel Anakin Skywalker dans Star Wars Episode III) et qu’on a vu souffrir une bonne partie du film, va succomber à son illusion d’immortalité et son fantasme d’être supérieur, le prédateur Alpha. Une rage qui se déploiera dans une virevoltante et apocalyptique scène finale, hommage direct au personnage de Tetsuo du manga Akira. Un méchant qui va défier les règles fixées par ses deux autres amis, conscients comme Spider-Man, qu’avec de grands pouvoirs viennent de grandes responsabilités.

Si la fin est attendue et que quelques effets spéciaux restent faibles, le duo Josh Trank et Max Landis est tout pardonné d’avoir su livrer en 1h30 un efficace et jouissif conte surnaturel moderne. Parfaitement conscient du monde qui l’entoure, spécifiquement sa jeune génération perdue dans ses propres flux d’images, les réseaux sociaux et la mise en scène de soi, ce premier film nourrit de grands espoirs pour la suite de cette collaboration fructueuse.

Philip Pick

Regardez la bande-annonce du film Chronicle (2012) de Josh Trank

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