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Présenté au 68ème Festival d’Avignon dans sa version complète, le Mai, juin, juillet écrit par Denis Guénon, à la demande de France Culture et du Théâtre National Populaire, et mis en scène par Christian Schiaretti, couvre les événements de mai 68 (la prise du Théâtre de l’Odéon dirigé par Jean-Louis Barrault par les étudiants révoltés) au mois de juillet de la même année lors des contestations à l’encontre du Festival d’Avignon et de son directeur Jean Villar. Bien qu’un peu longue, c’est une ambitieuse vision croisée des deux figures phares du théâtre français de l’époque.
Entre réalité et fiction, le prolifique Denis Guénon imagine les longs dialogues souvent drôles de ces personnages historiques (on croise également André Malraux et le Général de Gaulle), notamment ceux du second acte (juin) entre les directeurs de théâtre public réunis à Villeurbanne pour donner naissance au théâtre subventionné et au Syndéac (Syndicat National des Entreprises artistiques et culturelles). Mai, juin, juillet présente donc une part fondatrice et indispensable du théâtre français qui résonne indéniablement dans le contexte politique actuel des grèves des intermittents du spectacle.
Cependant, après presque 4h de spectacle il semble que les longues tirades et discours écrits par Denis Guénon auraient mérité d’être raccourcis pour conserver toute la force du message et moins écraser le spectateur.
Si la mise en scène un peu classique et scolaire de Christian Schiaretti n’entache pas ce bel élan d’un pan intéressant de l’histoire du théâtre, important pour les jeunes générations et celles à venir, on saluera sans retenue les splendides incarnations de Marcel Bozonnet en Jean-Louis Barrault et de Robin Renucci en Jean Vilar.
Philip Pick