[Film – Critique] Supercondriaque de Dany Boon

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Non content d’infliger aux spectateurs un sacré navet, Dany Boon l’étire sur deux heures interminables, fier de la connivence de son “cinéma” avec le (un) public français. Auréolé du succès historique de son Bienvenue chez les ch’tis, Boon ne fait guère cas de quelconques considérations artistiques et se gave des facilités que lui a octroyé le phénoménal succès de 2008 (et autres succès qui ont fait de lui un personnage très bankable). Soit, autrement dit, une liberté totale de faire tout et n’importe quoi. A la production (Pathé, TF1), on signe le chèque sans ouvrir les yeux… Ceci dit, quand on est soi-même producteur (avec les productions du ch’timis), ça aide aussi…

Pourtant, Supercondriaque aurait pu être drôle. Après tout, le thème de l’hypocondrie (que Boon laisse vite tomber) était un bon vecteur de gags et les quiproquos sur lesquels le film surfe (échange d’identité par exemple) étaient aussi un bon levier -bien que classique- pour déclencher le rire. Hélas, il faut tristement reconnaitre que Dany Boon ne parvient pas à faire naître un seul éclat de rire… Un sourire alors ? Pas sûr.

Pourquoi est-ce aussi raté ? La faute à qui ? Ne cherchons pas trop loin. Producteur, réalisateur, acteur, dialoguiste, scénariste, Dany Boon, en étant à la maitrise de tout dans cetet aventure, est donc l’unique responsable du naufrage artistique… Car Dany Boon n’est pas un réalisateur doué : c’est laborieux quand ce n’est pas scolaire, et c’est lourdement appuyé quand ce n’est pas survolé. En outre, il est un piètre directeur d’acteurs : ils sont tous mauvais, ou au mieux, faux… Kad Merad, à qui on ne décernerait pourtant aucun laurier, finit par paraître génial tant, en face, Dany Boon-acteur (omniprésent) est fatigant de singeries, de grimaces et de cabotinages grossiers. Les dialogues sont à l’image du scénario : si ce n’est pas creux, c’est écrit avec le pied gauche. Souvent, la soupe Supercondriaque s’enrichit de nombreux cheveux tant certaines scènes sont incongrues ou certaines répliques pathétiques… En voulant faire de son film une comédie totale, touchant autour du comique de situation la romance ou l’action, Supercondriaque est bancal.

Puisque entièrement coupable de cet échec artistique total (triste cinéma comique), Dany Boon est ipso facto celui à qui, hélas pour l’avenir, la gloire reviendra si le film est un succès en salle. Et, il ne fallait pas être devin, Supercondriaque explose le box-office et Danny Boon aura ainsi, encore une fois, toute latitude pour faire de son prochain film un prochain méfait, avec les mêmes codes et les mêmes ficelles (pourquoi changerait-il une recette qui lui rapporte autant d’argent?).

Il a été décrété quelque part, sûrement, que Dany Boon était drôle ou doué… Ce succès -accompagné de tout un système de production ciné et télé et d’écriture- pose la question de la qualité du cinéma comique français, qui risque de s’enfermer dans un même schéma, si ce n’est hélas, pas déjà fait. Triste exception culturelle française… Au fait, Boon réclamait qu’on instaure une catégorie “Meilleure comédie” aux César : pensait-il pouvoir gagner avec ça ? Là, pour le coup, on rit.

Rick Panegy

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