[Théâtre – Critique] Passim / Théâtre du Radeau – François Tanguy

Théâtre de la perception, Passim est, d’après son auteur même François Tanguy un “refus du commentaire”. C’est une invitation. Un objet hors repères fait de frontières poreuses entre réalité et fantasmes.

Passim est un spectacle qui ère entre rêves et cauchemars, ces deux mondes aux frontières floues, où n’existent ni espace ni temps, et où se répondent les fantasmes et les angoisses, les plaisirs et les déplaisirs vécus dans une réalité consciente. Dans le spectacle de François Tanguy, le plateau est fait d’autant de décalages et de brassages que le texte déclamé par les comédiens est riche d’un assemblage impressionnant d’extraits d’œuvres de références. On entend du Shakespeare, du Tchekhov, du Pouchkine, du Marlowe, du Molière… On entend du Schubert, du Beethoven, du Sibelius, du Rameau… Qu’on aime ou abhorre ces théâtres, ces musiques, ces textes, ces scènes, que convoque Tanguy dans Passim, elles explosent dans son spectacle comme autant d’ondes d’émotions, de résonances d’impressions ou de fragments de souvenirs. Tout le spectacle ici incite à l’éloignement, et invite à se détacher du narratif : paradoxe sublime, c’est à partir des plus beaux textes narratifs que Tanguy emporte ici chacun dans un spectacle de sensations, à l’opposé radical du récit.

En presque deux heures, Tanguy et le Théâtre du Radeau transforment une pièce de théâtre en véritable objet. Au delà du théâtre, c’est de l’art dont il s’agit : un regard global et total sur un ensemble dont la seule essence est de faire surgir, depuis la souffrance, la solitude, la folie, la haine ou la mort qu’il décrit à travers mots et gestes, une explosion de sens et de réactions sensorielles, loin de toute intelligence et toute sagesse. Et c’est tant mieux.

Rick Panegy

Au T2G (Théâtre de Gennevilliers), du 26 septembre au 18 octobre 2014

Au CDN Besançon, du 5 au 15 novembre 2014

ALa Fonderie (Le Mans), du 25 au 29 novembre 2014

Au Théâtre Garonne – Toulouse, du 7 au 16 janvier 2015

Au TNS – Théâtre National de Strasbourg, du 21 au 31 janvier 2015

A la MC2 – Maison de la Culture de Grenoble, du 5 au 12 février 2015

 

 

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