Simpliste ? Réducteur ? Donneur de leçons ou bienpensant ? Assurément. Naïf ? Complètement. Kitsch ? Totalement. Et qu’importe ! Tout est assumé. Car au-delà de tout cela, Timeo est un spectacle d’une sincérité indéniable et d’une honnêteté totale. Son message est unique et clair, bien que martelé à l’envi pendant les 2h30 du show : délivré en continu, il vogue du respect de la différence à l’importance de l’entraide en passant par l’estime de soi… Le genre de discours convenu, répété ad libitum jusqu’à la nausée pour certains, mais qu’il n’est jamais inutile de rabâcher aux futurs citoyens de notre monde.
Si le tout apparait au bout de quelques minutes comme une sorte de “La France a un incroyable talent“, il ne faut pas s’en étonner : le metteur en scène, Alex Goude, n’est autre que le présentateur de l’émission de M6 (ici productrice) et de nombreux artistes du spectacle y ont fait un passage… Pourtant, l’écriture de Jean-Jacques Thibaud au livret, parvient à donner un équilibre et un sens à la succession des numéros pour éviter le côté catalogue. L’écriture est adaptée aux plus jeunes, même s’il est possible de regretter une certaine forme de simplicité excessive. La mise en scène d’Alex Goude est vivante, rythmée, bien aidée par la scénographie et les vidéos très expressives, très colorées et peu modestes. A ne pas prendre au premier degré toutefois, sinon gare à la nausée (saturations d’effets, de lumières, d’étoiles et de lumières) ! Il s’agit de permettre aux enfants d’imaginer un cirque plus beau qu’en vrai (un peu comme la vie sûrement…).
Timeo est une comédie musicale circassienne, une “circomédie musicale” (un cirque toutefois un peu figé dans l’artificiel… Il ne faudra pas hésiter à amener ses enfants au Théâtre Monfort par exemple, où le “cirque” proposé y est autrement plus contemporain). Les chansons y sont entrainantes et variées, aux refrains parfaitement entêtants, bien que chantés par des artistes non chanteurs, parfois en plein effort. On passe par toutes les facettes de la pop, du reggae ou de la pop rock (avec un étonnante über-cindy-sanders-dark-maul qui offre un show laser d’une ringardise spectaculairement délicieuse!) ou de la guimauve romantique : la composition de Julien Vallespi offre aux spectateurs tous les styles.
L’histoire se termine bien : Timeo, le jeune héros handicapé, réalisera son rêve en intégrant le cirque de passage dans sa ville, tous les codes et toutes les étapes du conte étant parfaitement maitrisés. Certes naïf, certes réduit à un seul discours moral -délivré par des dialogues et les chansons sans nuances- le spectacle Timéo plait aux enfants et les captive. Une sorte émerveillement vertueux. On ne crachera toutefois pas sur le manque de subtilité de Timeo : parfois, la plus grande des franchises n’est pas faire insulte à l’intelligence de la jeunesse ; et l’adresse la plus directe résonne comme une nécessité, comme une urgence dans un monde de plus en plus fragilisé par les multiples déchirures (sociales, raciales, économiques, civiques…) que provoque le clivage impulsé par les discours de replis et de rejets.
Rick Panegy
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Au Casino de Paris jusqu’au 8 janvier 2017 et en tournée dans toutes la France (voir la tournée)
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