Spectacle / L’Amour Vainqueur – Olivier Py (D’après Grimm)

vu au Festival d'Avignon 2019
(Jeune Public)

Quatrième adaptation des frères Grimm par Olivier Py, L’amour vainqueur est adapté, cette fois, de Demoiselle Maleen, conte moins connu, évoquant la destruction du monde, la responsabilité dans l’anéantissement, la violence et les intérêt ou encore la confiance en soi et en ses idéaux. C’est sous forme d’opérette, et en alexandrins, qu’Olivier Py a décidé de mettre en scène ce conte initiatique, porté par les symboles.

Résolument rythmé, entrainé par 4 comédiens dont on doit reconnaitre l’énergie et le talent, tour à tour chantant, jouant, au piano ou au violoncelle, L’Amour Vainqueur ne manque pas sa cible : le jeune public est indéniablement pris par le récit auquel il assiste, il est sans cesse capté et captivé par le rythme des séquences, l’humour, les rebondissements, ou les décors alternant en permanence avec inventivité, se saisissant de tout l’espace scénique. Olivier Py, au texte, à la musique et à la mise en scène, a construit un parfait spectacle jeune public, répondant à tous les points d’un “cahier des charges” du genre. Il a su découper son récit et ses scènes avec le timing idéal, ni trop long ni trop court, insuffler l’humour nécessaire et jouer des gros traits dont le jeune public raffole, autour de personnages très dessinés. Sans pourtant tomber dans l’excès caricatural, il donne aux aspects opérette de son spectacle un esprit de fête et de leçon sage. Les messages, essentiels pour tout conte initiatique, sont ici distillés avec limpidité sans qu’ils soient appuyés lourdement. La musique qu’il a composé, en outre, est ingénieusement découpée en thèmes parfaitement identifiables dont les variations permettent au jeune spectateur d’immédiatement comprendre les ambiances attendues.

Enfin, se saisissant de la matière du conte initial, Olivier Py explore les thèmes évoqués en y insufflant les questions contemporaines : du rapport de l’homme à l’environnement, de la question de l’engagement, de la trahison, des guerres et des destructions, il replace ces thèmes dans une proximité plus grande au spectateur. Il détourne notamment habilement les codes de genre et les assignations à ses stéréotypes, sans tomber dans une démagogie ou un profil professoral ou militant. Les quatre comédiens, Clémentine Bourgoin, Pierre Lebon, Flannan Obé, Antoni Sykopoulos, sont tous excellents, sans exception.

L’ensemble est vif. C’est réussit et la salle, remplie de jeunes spectateurs les yeux écarquillés, réjoui. Propre, maitrisé et efficace.

Rick Panegy

noterick4 / 5

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