Spectacle / Blanche-Neige, histoire d’un prince – Michel Raskine

Vu au Festival d'Avignon 2019
(Jeune Public)

Variations autour de Blanche-Neige… Du conte de Grimm, teinté ici d’un potache pop à gags récurrents et d’un glauque sombre où cohabitent déprime et dépérissement des âmes et de la nature, Michel Raskine créé un “après” Blanche-Neige, un conte après le conte, cette fois-ci légèrement dystopique, en forme de crépuscule du couple et du monde, d’où pourrait surgir la rédemption, si seulement l’homme, coupable de sa propre chute, se ressaisit de sa destinée personnelle et collective. Écologie, genre, société hétéro-normée, féminisme, les questions sociétales actuelles sont en sous-texte abordées. Discours un peu convenu, dans l’air du temps et du Festival…

blanche-neige-raskine

C.Raynaud de Lage

Embrassant à fond le théâtre de tréteaux, Raskine parvient parfois à proposer des instants de mises en scène artisanal séduisant, et ses comédiens, Marief Guittier en tête, sont excellents. Toutefois, surfant entre deux genres, et différents styles, son Blanche-Neige, Histoire d’un Prince – qui aborde la vie dégradée du couple et du Royaume des années après l’union des deux personnages- parait hésitant en terme de ton. Des longueurs par ailleurs, qui risquent de perdre le jeune public à qui le spectacle est destiné. C’est aussi drôle, mais les symboles et paraboles attendus dans les spectacles “jeunesse” sont ici parfois moins lisibles qu’espérés : la question du choix des héros n’explosant que dans le final, les obstacles et parcours des personnages, dans la structure du conte, n’apparaissent pas assez dessinés, enfouis par un ensemble d’artifices scéniques et “gagesques”.

Ce Blanche-Neige, Histoire d’un Prince se laisse voir avec plaisir ; l’esthétique et le jeu des comédiens captivant l’auditoire, mais manque de corps et d’audace dans l’exploration du sombre et de l’écroulement d’un monde qu’il aborde…

Rick Panegy

noterick2 / 5