[alert variation=”alert-info”]/ EN BREF / Samuel Achache offre, dans Fugue, avec la troupe de la Comédie de Valence, une rafraichissante balade musicale, entre absurde et métaphysique de la fuite… Un moment d’égarement appréciable ![/alert]
Le tempérament de Pythagore, l’harmonie, le contrepoint, les accords, les intervalles, les gammes, et tout cela en écho dans la dramaturgie d’un spectacle… En apparence, ce Fugue allait être une conceptualisation un peu pompeuse où théâtre et musique s’embrasseraient dans une proposition formelle abstraite… Erreur ! Samuel Achache et son équipe (car le spectacle a été créé collectivement) transcendent l’idée de notion pure pour orienter l’objet de leur création vers un délire cocasse et facétieux. L’humour y est l’élément pilier, tantôt potache, tantôt burlesque : on y retrouve toutes les formes possibles. Le comique de situation, de répétition, de mots, de gestes : tout y est, jusqu’à évoquer Marthaler, Tati, Keaton, les Monty Python. Jusqu’à offrir des scènes d’un absurde délicieux. On garde en mémoire, notamment, une scène de baignade improvisée, ou l’excellente longue tirade délirante d’Anne-Lise Heimburger (parfaite), face public, inarrêtable…
En somme, c’est un spectacle qui peut avoir plusieurs lectures. Les mélomanes ou musicologues apprécieront la parallèle (ou la transposition) de l’art de la fugue dans le récit et dans la mise en scène. Qui fuit dans cette « fugue » ? Un peu tous les personnages… Qu’ont-ils quitté en allant travailler au pôle Sud ? Quelle harmonie recherchent-ils dans cette fugue hâtée ? Ces chercheurs errent, tentant d’aplanir les dissonances ou l’arythmie de leur singulière fuite. La dérobade humaine devient musicale. Le spectacle est truffé de séquences musicales symboliques au cours desquelles les personnages-musiciens espèrent trouver la concordance. Dans cette cacophonie visuelle et auditive, qui colle à la quête de chacun, la recherche de l’accord est permanente. Elle s’exprime aussi sur scène par un récit volontairement décousu (quoique finalement un peu trop explicatif sur la fin), qui réussit le tour de force de rendre parfois poétique le comique loufoque.
Rick Panegy
[icons icon=”info-circled” color=”#dd3333″ size=”16″] Crédits Photos / © Christophe Raynaud de Lage