[Festival d’Avignon 2018 – En Bref] Théâtre / Pur Présent / Olivier Py

EN BREF

Évacuons d’emblée la question des comédiens : ils jouent et leur engagement est total. Le problème n’est pas là. Dans ce théâtre quasi d’intervention, de tréteaux, où les moyens sont réduits au maximum pour laisser place au texte et au message que la “troupe” vient délivrer au spectateur, l’engagement politique et l’emphase du style de Py viennent polluer un ensemble déjà bien pesant par la binarité de ses propos.

Pensez-donc : 3 pièces d’1h, où l’on évoque sans trop de nuances la prison, la finance, les rapports de pouvoir pour définir en somme les contours de la dignité dans notre société moderne, hyper-spéculative, bercées par l’écriture gonflée, hyperbolée ou affectée d’Olivier Py. Lequel pourtant, affirme avoir resserré son écriture pour aboutir à un style incisif, percutant (vraiment?). Hélas, la scénographie minimaliste, où n’existe qu’en fond de scène une reproduction grand format d’un tableau de Guillaume Bresson (travail sur la violence sociale, histoire d’avoir une image qui fait sens) et, comme seul autre outil, l’accompagnement live d’une piano, laissent finalement tout l’espace à la résonance des mots de l’auteur. Trop d’espace.

Ainsi, dans ce qu’il définit comme une tragédie moderne, calquée sur Eschyle (dont il vient de traduire les 7 tragédies), Py résume des pensées aussi importantes et essentielles  au regard de l’état du monde que répétées à l’envie par lui-même depuis des lustres, à savoir mettre en avant (avec lyrisme mais véhémence) les valeurs qui sont les siennes : humanistes ou sociales. Mais dites avec l’emphase de Py, accumulées sur les trois parties de Pur Présent, et mises en lumière par l’absence de tout autre outil de théâtre que la parole, ces valeurs donnent à la pièce des allures de  discours davantage politisé que politique.

Rick Panegy

© Photos : Christophe Raynaud de Lage

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Note : *