Avec cet Antigone, Olivier Py prouve son talent de lecteur de textes fondateurs, et son statut de fin
connaisseur de la tragédie. En proposant ce texte à l’atelier de théâtre du centre de détention
d’Avignon — Le Pontet, il lui redonne une dimension que trop de mise en scène ont
malheureusement peiné à extraire. Car ce texte de Sophocle, avec ses nombreux questionnements sur la
justice et sur la dignité, résonne évidemment d’un écho supérieur quand il est livré par des
hommes que la société a considérés comme coupables et a décidé de punir.
Ces Polynice, cependant, sont, eux, bien vivants sur le plateau. Et c’est bien là que réside la
grande force du spectacle, dans cette grande réussite de direction d’acteurs chez qui rien n’a été
gommé, mais où l’on a au contraire cherché à mettre en valeur les individualités de chacun pour
mieux faire résonner le présent des mots. En résulte alors un grand moment de théâtre, simple,
sincère et juste, que l’on se réjouit d’applaudir à tout rompre.
Yoosf
Photos © Christophe Raynaud de Lage