Spectacle / La Maison de Thé – Meng Jinghui (Lao She)

Vu au Festival d'Avignon 2019

L’évènement a tourné au supplice. Au mieux, ce fut un calvaire. Pour la première fois en 73 édition, une compagnie Chinoise était invitée au Festival d’Avignon. La Maison de Thé, alors très attendue, déçoit autant qu’elle a excité sur le papier : un long et interminable spectacle, sons et lumières version eighties, matinée de hurlements déclamés face public, entrecoupé de projections numériques grossièrement kitsch et belles, rendant dans un récit bancal le texte de Lao She presque abscons et illisible.

Meng Jinghui le metteur en scène, pas franchement connu en France, l’est pourtant en Chine, mais il ne fait cependant pas parti de la jeune génération d’artiste, ni de celle qui bouscule le paysage politico-culturel. On est plutôt, ici, dans du spectacle Chinois “validé”… Évidemment questionnant, quand le 73ème  Festival d’Avignon s’affiche aussi politique et engagé : faire venir une production d’un pays où la censure s’exprime est assez étonnant… (Pour le questionnement sur la liberté de création dans les pays où la censure s’impose, peut-être est-ce plus judicieux d’aller voir l’Outside de Serebrennikov dans ce même Festival, lui-même artiste assigné à résidence en Russie, et abordant la vie de Ren Hang, cet artiste photographe qui s’est suicidé en Chine).

Cette Maison de Thé, donc, et en tout état de cause, fait fureur sur scène, imposant son immense structure métallique, ses couleurs criardes et sa musique rock faussement provocante (mais réellement bruyante). La troupe se donne à fond, dans l’excès de jeu qu’on perçoit du théâtre asiatique bien qu’il soit ici noyé dans une modernité grossière : les trois générations qui dialoguent et discutent de la société Chinoise et de son évolution se confrontent au cœur de cette maison de thé, ici toute tubulaire et métallique, symbolisant le cœur culturel et sociétal d’un pays en mutation.

C’est confus et grandiose, mais d’un grandiose qui ne vous embarque guère dans la grâce de l’outrance…

Rick Panegy