Vu au Festival d'Avignon 2019
Le geste est à la mode : après la « Rétrospective » de Jérôme Bel au Festival Programme commun, la coqueluche britannique Wayne McGregor imagine un projet autobiographique similaire. La gémellité s’arrête pourtant là car, dépourvu de la malice poétique du chorégraphe français, McGregor présente avec Autobiography un travail froid qui fait la part belle aux poncifs de la danse contemporaine sur fond de musique style « rave party » abrutissante et dénuée de tout intérêt. Les différents tableaux alternent les dispositifs — entre partitions solistes, petites formations et grands ensembles — sans fil directeur clair et, si la troupe est techniquement toujours aussi impressionnante, les corps semblent errer sans but sur le plateau. On apprend quelque peu par hasard que ce séquençage est censé mettre en scène une vision scientifique des êtres en action, en s’appuyant sur la notion de génome pour formuler une dramaturgie de l’introspection du vivant. La réflexion reste complètement opaque et vaine de bout en bout. Le travail très abouti des lumières, usant habilement d’un jeu de néons et de lasers, ne fait que renforcer cette mise à distance entre l’intention première et l’effet réel. Cruellement dépossédé d’âme, ce ballet des corps se fait pantin de laboratoire, allant jusqu’à priver le spectateur de toute mélancolie méditative à force de musique stridente et insipide. Coup de grâce : l’emprunt à la musique baroque, pivot de la pièce, surgit au milieu de la mélasse comme un signe tape-à-l’œil et égotiste du chorégraphe qui semble vouloir se réclamer héritier en chef de la tradition de sa discipline sans jamais réussir à s’exprimer clairement.
Lola Salem
Tournée :
- – 19 octobre 2019, His Majesty’s Theatre, Aberdeen (Royaume-Uni)
- – 22 octobre 2019, Dundee Rep (Royaume-Uni)